Du Havre à Parthenay et à
Vandoeuvre-lès-Nancy, en passant par le Val d'Oise ou par la communauté de
communes des Châtaigniers, l'idée a fait le tour de France. Deux ans après leur
lancement, les expérimentations de carte de vie quotidienne, sésame unique pour
participer à des consultations locales, payer ses transports ou la cantine de
ses enfants, ont pris fin. Plusieurs dizaines de municipalités seraient prêtes
elles aussi à se lancer dans l'aventure.
Quatorze communes ou
regroupements de communes avaient été sélectionnés dans le cadre d'un appel à
candidature lancé par l'Administration. Deux, Hérouville et Aix-les-Bains, ont
préféré lâcher prise. Parmi les douze restantes, la toujours très en pointe
communauté de communes de Parthenay est une de celles qui a le plus avancé.
" Un système de bornes et de cartes a été implémenté pour les services à
la petite enfance comme les crèches et les centres de loisir, explique Sébastien
Baudry, de la Maison des nouvelles technologies. La facturation se fait en
prépaiement, les parents créditant les cartes. De plus, dans les prochains mois,
l'ensemble des écoles de la communauté de commune sera équipé de bornes. A
terme, nous réfléchissons au contrôle d'accès dans les bâtiments publics, à
l'entrée à la piscine ou aux prêts dans les médiathèques et les ludothèques. "
A partir de ce type d'expérience, l'Adaé (Agence pour le développement
de l'Administration électronique) a mis en ligne un référentiel organisationnel,
juridique et technique qui servira de document de base aux collectivités
désireuses de se lancer. La technologie n'est en effet qu'une des composantes. "
La collectivité doit se remettre en cause, juge Catherine Longé-Maille, chef de
projet Carte de vie quotidienne à l'Adaé. Ce qu'a, par exemple, fait Vandoeuvre.
Même s'ils ont finalement renoncé aux cartes, ils ont conservé les services
qu'ils avaient développés autour. En termes de service rendu au citoyen, il y a
donc eu progrès. "
" La mayonnaise a pris "
Certaines ambitions
initiales du projet ont été remisées au placard. Ainsi de la mise en commun des
travaux. " Les collectivités sont très jalouses de leur indépendance, poursuit
Catherine Longé-Maille. Il n'y aura donc pas de mutualisation comme nous y
avions songé au début. "
Pas de simplification juridique non plus.
La Cnil continuera à donner son avis au cas par cas, projet par projet. La
Commission n'a pas souhaité mettre en place de déclaration simplifiée (par
exemple, pour la création de fichiers d'utilisateurs), comme le souhaitait
l'Adaé, et se montrera donc très vigilante quant aux initiatives des
collectivités.
Celles-ci ne semblent pas effrayées pour autant. "
Nous avons beaucoup de demandes, la mayonnaise a pris, explique Catherine
Longé-Maille. Pour l'année à venir, on doit être dans un ordre de grandeur de
plusieurs dizaines de projets. "
Des demandes qu'attend avec
impatience Viveris. Cette société de service et d'ingénierie informatique
a mis au point en mai dernier CiViQ, un système à plusieurs composantes
permettant à une collectivité de s'équiper en cartes de vie quotidienne tout y
en intégrant ses services existants. Sans avoir signé de contrat depuis. " Il y
a pour l'instant peu d'appels d'offres, je ne table pas sur une explosion pour
l'année prochaine, même si nous restons très optimistes ", explique Jean-Marc
Demetz, directeur de Viveris Nord.
Se pose en particulier la
question du financement. Les quatorze premières expériences bénéficiaient d'une
aide de l'Etat. Cette fois, plus rien. Viveris table approximativement sur 100
000 euros pour un déploiement dans une petite agglomération.